Les remarques du collectif Orban-Luttre adressées à la commission de concertation
Le collectif Orban-Luttre, composé de plusieurs habitant.e.s du quartier et soutenus par plusieurs organisations (parmi lesquelles Quartier Wiels Wijk, Trage Wegen, Fietsersbond Brussel Zuid et Inter-Environnement Bruxelles), se mobilise depuis près de deux ans en faveur du passage sous voie allant du parc Divercity au site dit du Marais Wiels (voir plan ci-dessous).
Pour les membres du collectif et leur soutien, le passage Orban-Luttre a un potentiel important : il pourrait trouver une nouvelle utilité dans le cadre d’un cheminement pour modes doux entre les quartiers Saint-Antoine, Primeurs, Saint-Denis et même au-delà vers Anderlecht, mais aussi contribuer à désenclaver le site Divercity.
Le passage Orban-Luttre est pourtant en sursis et à terme condamné puisqu’il est prévu d’adosser l’école De Puzzel au talus du chemin de fer, où il aboutit.
A travers plusieurs démarches (une pétition signée par 1400 personnes, une interpellation du conseil communal et la participation à la première enquête publique relative à l’école), le collectif a voulu sensibiliser les autorités sur les enjeux importants à ses yeux, parmi lesquels : 1) l’importance de nourrir une réflexion large pour la zone plutôt que d’envisager les aménagements au coup par coup, 2) la nécessité de renforcer le maillage pour les piétons et cyclistes dans une zone accessible uniquement via des voies de circulation dangereuses, 3) la valorisation des atouts présents sur le territoire, au premier rang desquels le passage Orban-Luttre.
Le collectif se réjouit que ses préoccupations trouvent d’une certaine manière écho dans la programmation du contrat de quartier durable Wiels-sur-Senne, en particulier le projet d’aménagement autour du Wiels et la réalisation d’une percée entre le parc Divercity et la zone de parc à créer entre le Wiels et le Brass.
Concernant ce projet en particulier, même si le collectif reste d’avis que l’option du passage Orban-Luttre est la plus intéressante du point de vue de la mobilité, il pourrait voir dans le projet de percée une solution de substitution acceptable à condition que soient levés certains points d’interrogation concernant le choix du projet lui-même, les garanties quant à sa réalisation et la gestion des conflits potentiels entre les usagers du parc :
- Les objectifs invoqués pour justifier le choix de la percée sont certes fondés, mais est-ce la seule façon de les réaliser ? Peut-on éventuellement les réaliser autrement sans engager autant de ressources dans le projet ? Le montant de 2750000 EUR est interpellant au vu du contexte et des besoins du quartier. Plus concrètement, ne conviendrait-il pas d’envisager autrement le lien entre les deux zones de parcs avant de se prononcer définitivement en faveur de la percée sous talus ? Une autre option pourrait en effet être reconsidérée afin de réaliser l’objectif de connexion : celle de créer une continuité depuis le site Divercity jusqu’au Wiels à travers le passage Orban-Luttre et sur un couloir entre le talus et le site du Marais (où la promotion immobilière pourrait être assortie de charges d’urbanisme contribuant à ce lien). Pour le collectif Orban-Luttre, l’allocation des ressources publiques doit intervenir dans le choix de la solution qui sera finalement mise en oeuvre. La réalisation d’une étude concernant les alternative (obligatoires dans le cadre des rapports d’incidences) et un débat sur le sujet est indispensable du point de vue du collectif afin de légitimer ce point particulier de la programmation.
- La percée reste un projet théorique à ce stade et rien n’est acquis quant à sa réalisation. Durant la dernière réunion de la COQ, un membre du collectif Orban-Luttre a demandé au bureau d’étude Citytools et à l’échevin Spaepens comment Infrabel percevait ce projet. Il lui a été répondu qu’Infrabel est ouvert à la discussion, même si aucune garantie d’exécution ne peut être donnée. Pour le collectif Orban-Luttre, si le choix de la percée se confirme après analyse (voir supra), sa réalisation doit être acquise et le projet suffisamment avancé avant que l’on ne construise l’école et qu’on ne condamne donc le passage Orban-Luttre (dans l’hypothèse où le plan de l’école reste celui qui nous a été présenté). Il serait en effet dommage de condamner le passage et d’arriver ensuite à la conclusion que la percée ne peut être réalisée pour l’une ou l’autre raison. Un engagement politique consistant à dire que l’on va tout mettre en œuvre pour réaliser la percée, comme on a pu l’entendre, n’est pas suffisant à nos yeux. Il faut planifier les opérations en bon gestionnaire et de manière logique : 1) réaliser d’abord la percée et ensuite l’école ou 2) adapter, si l’école doit être réalisée rapidement, les plans de cette dernière pour ne pas condamner le passage Orban-Luttre et ainsi disposer d’un plan B au cas où le projet de percée n’aboutit pas.
- La réalisation de liaisons inter-quartiers suppose la réouverture de la section de la rue Saint-Denis.Cette réouverture devrait du point de vue du collectif figurer parmi les « conditions critiques de réussite ». Il conviendra par ailleurs de s’assurer que cette rue soit favorable aux modes actifs et donc envisager des aménagements en conséquence. Le document de programmation ne livre pas de réponse à ce sujet. Qu’est-il prévu exactement dans ce périmètre, qui concentre de nombreux projets (logements à construire sur deux parcelles et logements sociaux dans le bâtiment Diamant Boart) ?
- Dans le cadre du projet de percée, il conviendra de s’assurer que les aménagements du parc unifié intègrent les enjeux de mobilité. La question des usages dans le parc devra faire l’objet d’une attention particulière, notamment pour éviter les conflits entre les fonctions de séjour et de jeu avec la fonction de mobilité. En d’autres termes, il faut au préalable s’assurer que les cyclistes pourront cheminer à travers le parc sans entrer en conflit avec d’autres usagers. A ce jour, la question des usages ne fait pas partie des « conditions critiques de réussite » alors qu’il s’agit d’un aspect primordial, d’autant que le parc Divercity, dans son aménagement actuel, privilégie les fonctions de séjour et de jeu. L’engagement en faveur du creusement de la percée doit obligatoirement s’accompagner de garanties et de détails sur les aménagements à effectuer, y compris sur le site Divercity, pour éviter ces conflits d’usages.
Le collectif Orban-Luttre espère que cette contribution, qui se veut constructive, sera entendue et qu’il en sera tenu compte dans le cadre des travaux futurs des parties qui interviennent dans la mise en oeuvre du contrat de quartier durable Wiels-sur-Senne.