15 mai 2023
Voilà un an jour pour jour que défilaient dans le quartier plus de 1000 personnes pour demander la préservation de l’entièreté du Marais Wiels (près de 9000 m2).
Où en est-on actuellement?
Sur place : rien de nouveau mais il est encore plus beau!
Des Fé.e.s, avec Natagora et l’autorisation de Bruxelles Environnement, ont entretenu durant l’hiver la roselière Nord et voilà cette partie du site beaucoup plus avenante et ravissante.
Si les cygnes n’ont pas choisi d’y nidifier cette année, nous avons eu la visite surprise de la phragmite des joncs, ce qui confirme que les roselières sont une halte de repos nécessaire. Grèbes castagneux, rousseroles effarvates, fauvettes grisettes et à tête noire, moineaux, … tout ce beau monde y nidifie.
Sans parler des macro-invertébrés sous l’eau!
Côté aménagement, une grande entrée (potagers grignotés) et toujours pas de bancs.
Le projet Beliris d’aménagements du « parc » entre le Wiels et le Brass et des abords du Marais, les projets d’une cyclostrade et de la percée sous bute vers Divercity sont à l’étude et c’est le bureau VVV qui a été sélectionné.
Invité.e.s à participer, les citoyens et citoyennes ont découvert, avec surprise, dans les plans soumis à idées (brainstorming) le programme très très chargé (pour ne pas dire indigeste) des différentes institutions intervenantes.
Dans les cartons (et sur les plans donc):
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l’extension du bâtiment Brass projetée par la Commune de Forest (aucun plan disponible, on parle de l’arrière et des côtés, avec une nouvelle « esplanade » entre le Brass et le Wiels (« nouvelle centralité ») et pontons ou accès camions …). Simples grignotages … ne pas paniquer, non, non;
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la construction de 80 appartements acquisitifs par Citidev. Deux blocs: un (dans l’eau profonde et à front de rue) entre le Brass et le Métropole et l’autre s’étendant sur la roselière nord qui du coup est d’office asséchée/remblayée dans les plans VVV. Si, lors de l’interpellation citoyenne du 24 janvier, le parti Ecolo forestois a dit être contre la construction de ces développements immobiliers sur le plan d’eau, le parti socialiste forestois disait faire confiance à la Région de Bruxelles-Capitale. Charles Spapens, échevin revitalisation des quartiers déclarait dernièrement dans la presse s’opposer à la construction entre le Brass et le Métropole et se se réjouir de l’achat par la Région du bâtiment jouxtant le Marais (380, av Van Volxem, à côté de Basic Fit). Il n’a néanmoins pas dit être opposé à la construction de bâtiments par Citidev sur la roselière nord et à son assèchement;
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la construction par Urban d’un immeuble, entièrement dans le Marais, pour doubler l’actuel Métropole (le bâtiment abandonné (en partie classé) et cher payé qui a les caves dans l’eau);
Chacun de ces projets se trouve donc dans les plans soumis par Beliris alors que n’est planifié (ni donc n’a de permis) aucun d’eux. C’est comme on dit: la charrue avant les boeufs!
Quant au projet Beliris proprement dit, il prévoit:
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la construction par Beliris d’une piste cyclable transrégionale (en tranche optionnelle 1) qui implique la destruction du talus ferroviaire existant par l’apport de centaines de mètres cubes de terres et la construction d’un pont d’une centaine de mètres. Cette piste nécessite par ailleurs entrée et sortie. Celle prévue entre le Wiels et le Brass, à côté de l’esplanade planifiée, grignotera elle aussi l’espace de détente:
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La percée sous voie de chemin de fer (en tranche optionnelle 2) tombe à l’eau. La connexion avec le parc Divercity de l’autre côté de la bute se fera par l’avenue du Pont de Luttre qui devrait dès lors bénéficier de quelques aménagements. Pour le lien entre les quartiers, c’est donc raté! La « centralité » prévue se déplace et semble devenir le carrefour Wielemans puisque le quartier bénéficiera d’une « maison des initiatives » à l’angle Van Volxem/Wielemans Ceuppens (ancienne banque).
En conclusion, le plan d’eau serait donc découpé et significativement réduit. Une moitié de sa superficie pourrait disparaître.
Le parc entre le Wiels et le Brass risque aussi d’être bien imperméabilisé.
La rampe massive de la cyclostrade fragilisera très certainement le rôle de corridor écologique que joue ce talus dans le maillage vert régional.
Et Bruxelles Environnement dans tout ça? L’administration s’accommode? BE attend la présentation du projet définitif d’aménagement du site par Beliris pour déterminer les limites définitives du plan d’eau qu’il conviendra d’intégrer dans l’Atlas du réseau hydrographique? Rappelons que la réalisation de l’Atlas du réseau hydrographique bruxellois est une exigence imposée par l’ordonnance du 16 mai 2019 relative à la gestion et à la protection des cours d’eau non navigables et des étangs. Mais là, on rentre trop dans les détails pour un simple post fb ! Le processus d’adoption de cet Atlas suivrait son cours et serait actuellement soumis à la concertation avec les propriétaires et les communes concernés. On vérifie auprès de la Commune de Forest si elle défend ou non les près de 9000 m2 de notre chéri plan d’eau et on vous tient au jus!
En conclusion, hélas, dans ces perspectives de développements immobiliers et d’aménagements, une évaluation globale des incidences environnementales de ces projets ne se fera vraisemblablement pas. Cela s’appelle du saucissonnage (fractionnement d’un projet unique en plusieurs projets).
D’où la nécessité d’un classement de l’ensemble du site? On y pense sérieusement!
Le quartier est très densément peuplé, situé en zone inondable, et en manque d’espaces verts. Il a besoin du Marais comme zone tampon pour absorber les surplus de précipitations, comme îlot de fraîcheur en cas de canicule, et comme espace convivial de détente. Personne ne nie la crise du logement abordable, mais amputer le quartier de la moitié du marais, pour construire des logements vendus à la classe moyenne, ne la résoudra certainement pas.
Grignotages, phasages et saucissonnage !
On continue le combat!